« Si l’inconscient est structuré comme un langage pour reprendre les mots de
Lacan, le travail de Anide se situe à l’interstice de celui-ci et du langage conscient.
Autodidacte, inspiré notamment de la philosophie et de la sémiotique, Anide explore
la partie immergée du langage courant et qu’il nomme le «langage subtil».
Hors du parlé et de l’écrit et par des approches variées mais convergeant vers la
même recherche, il revient à l’essence des choses, de soi et des autres.
Par des jeux de lignes, de formes, de couleurs et de contradictions, il creuse
progressivement les strates de ce dernier pour nous proposer une vision enrichie de
notre réalité.
Soucieux des liens existants entre les éléments et d’en créer de nouveaux,
l’ensemble de son travail est une correspondance : entre l’abstrait et le figuratif, entre différents
médiums, entre l’actuel et le devenir, entre les individus, entre l’art et la vie, entre le
rêve et la réalité, entre notre nature primaire et l’injonction sociale.
Dans une époque qui nous a éloigné de la nature et de notre propre nature, il conçoit
le language subtil comme une porte d’entrée vers un monde que l’on a oublié de voir
ou que nous n’avons peut-être jamais vu. Ainsi, à travers l’imagination et la
suggestion, il nous ré-apprend à porter attention et confiance en nos impressions,
émotions, corps et instincts.
Il nous appartient alors, de faire comme lorsqu’il créé, abstraction de toute
préconception afin de laisser dialoguer notre conscient et inconscient, de manière
instinctive et incontrôlée pour mieux interpréter, ressentir, s’approprier son travail et
lâcher (enfin) prise.
La poésie du visible et de l’invisible, du sonore et du visuel, de l’immobile et du
vivant, s’offre alors à nous, sous une forme libre, sincère et plurielle. »
Texte de Jade Ronat Maillé